Savon n°8 — Rosa Rosae Rosam

Chronique d’une catastrophe annoncée.

Et pourtant, je passe pas mal de temps avant de faire ma recette. J’essaie de visualiser, d’avoir le moins de calculs de dernière minute à faire.

Pas assez, ou pas assez bien, visiblement…

— THÉORIE

Ingrédients
Lessive de soude à 30% pour surgraissage 3%
Ajouts à la trace
  • 5% huile d’avocat pour surgraissage
  • 0,25% HE ylang ylang (Aroma-zone)
  • 1,25% HE géranium bourbon (My Cosmetik, Monoprix)
  • Argile rose pour colorer 5/6e de la pâte (Aroma-zone)
  • Charbon végétal activé pour colorer en rose foncé 1/6e de la pâte (Aroma-zone)
  • Argile blanche pour colorer 5/6e de la pâte (Aroma-zone)

Le moule prévu est le pain de silicone dans son corset de bois, pour pouvoir faire un joli swirl plume de paon.

Spoiler alert : Joli, je crois qu’il va falloir le dire très très vite !

— PRATIQUE

Avant tout, je me demande si j’ai assez de beurre de karité pour faire la recette initiale (100ml = 88gr = 4€), et bien non. Donc je complète avec du colza que j’avais bien aimé de ma recette n°6. Je vérifie les propriétés sur Hexabulle et sur SoapCalc et tous les voyants sont au vert.

Le seul truc qui me chagrine c’est la quantité de lessive de soude conseillée par les deux calculateurs (pour 600gr de corps gras) : 275gr pour Hexabulle et 285gr pour SoapCalc… Mon tableau perso me dit 285gr, je penche pour ça, go.

Je fais bien fondre mon beurre de karité avec l’huile de coco (qui est déjà fondu, il fait bien chaud en ce moment).

Je mélange mes huiles dans le grand bécher que j’ai acheté hier chez Aroma-Zone (eh non, je ne suis pas sponsorisée). J’ajoute les solides fondus. C’est beau, je mélange, tout se passe bien, je suis sereine.

Je mets à jour mon tableau pour calculer la lessive de soude puisque j’ai rajouté un gramme par-ci, enlevé un gramme par-là. Je débute et je laisse parfois emporter 🙂

Je prépare ma lessive de soude et mes ajouts (huile pour le surgraissage et huile essentielle). Il ne devait y avoir que 9gr du ylang-ylang mais je n’avais qu’un tout petit flacon de 2ml (=1,57 gr – 1,75€). J’ai eu la bonne idée d’acheter l’HE de géranium bourdon par flacon de 10ml chez Monoprix (8,20€), ça m’a permis de compléter sereinement.

C’est l’arnaque ou pas ces micro-flacons ?

Et puis tant que j’y suis, je verse mes ajouts directement dans les huiles (avant la lessive, oui vous avez bien lu 🤦‍♀️). J’y croyais pas moi même.

Je ne me laisse pas démonter, j’ajoute la lessive de soude, je fouette tranquillement.

On en est où de la température ? Bah, on s’en fout… C’est le début de la fin de la sérénité.

Je passe au pied plongeant. Et puis, je me dis que j’ai oublié quelque chose pour le marbrage : préparer mon moule avec les diviseurs cartons. Je découpe les 3 diviseurs, je fais mes petits calculs : le tout divisé par 3, divisé par 2 = ce que je mets de côté pour le « blanc » (appelons-le « x »). Le reste, en rose, puis je prélève « x » de nouveau pour ajouter du charbon et foncer le tout pour avoir un beau rose foncé un gris foncé rosé pas terrible.

Et là, quand j’essaie de soulever le pied plongeant pour effectivement séparer la pâte, le bécher entier vient avec. C’est plus qu’une trace épaisse, c’est la phase de gel qui a sérieusement démarré, ça chauffe et tout !

Je ne me laisse pas démonter et j’essaie de me rappeler ce qu’il faut faire – je l’ai FORCÉMENT lu quelque part. Et puis, non, je continue à « mixer ».

👉 Article très utile de « Rêvons Savons » au sujet de la trace ici qui me permet de vérifier que j’ai tout faux : combo de la muerte avec écart de température huiles/soude – mixer – HE. Ça ne pouvait pas bien se passer et j’ai bien sûr laissé de côté l’option « couches de couleurs » qui aurait été parfaite à ce stade de trace gel.

Je vous passe la séparation GÊNANTE à la spatule. Je vous passe le mix PESANT des argiles. Et surtout je passe le moment LOURDAUD où j’ai dû faire rentrer le tout dans le moule avec ses diviseurs, à la spatule. C’était digne du pire maçon du dimanche.

Je survole aussi le moment où, pour finir, je n’ai même pas réussi à enlever les diviseurs tellement mes doigts (gantés bien sûr) étaient poisseux. J’y suis allée à la raclette pour décoller et à la pince pour retirer. GÊNANCE et SOUFFRANCE.

J’ai bien tout tassé, en me disant que ça allait être plein de bulles d’air. Et puis, comme s’il n’y avait aucune communication entre mes deux cerveaux, j’ai quand même inséré une baguette du jap pour faire un « marbrage ». LOL. Je crois que j’ai seulement réussi à insérer plus d’air, mais on le saura à la découpe ! Ça faisait de belles tranchées en zigzag, parfait.

J’ai presque hâte de constater les dégâts.

Dureté : 37 | Nettoyant : 20 | Émollient : 58 |Moussant : 34 | Crémeux : 30 | Iode : 61 | INS : 146

Laurique : 15 | Myristique : 6 | Palmitique : 9 | Stéarique : 8 | Ricinoléique : 13 | Oléique : 36 | Linoléique : 7 | Linolénique : 1

— DÉMOULAGE & DÉCOUPE

Dieu que ce savon est moche ! On dirait du vomi 🙀

La consistance est, malgré tout, bonne et le parfum très agréable mais je m’attends au pire à la découpe…

… à juste titre ! 🙈

— NOTES POUR PLUS TARD

  • Chaque chose en son temps. D’abord essayer le marbrage, ensuite tenter le marbrage avec des HE.
  • MAÎTRISER LA TRACE avant de tenter des trucs pas possibles.
  • Peser mes contenants avant de commencer.
  • Arrêter de faire le surgraissage en deux fois : me contenter de mélanger les ajouts aux corps gras principaux, avant de mélanger avec la lessive de soude (sauf les colorants si marbrage il y aura — et je peux vous dire qu’il y aura marbrage AGAIN).
  • Y aller mollo avec le pied plongeant, privilégier le fouet.
  • Vérifier la température avant de mélanger huiles et lessive.
  • Préparer le moule AVANT tout de reste.
  • Faire les calculs POUR DE VRAI plutôt que de faire semblant, afin d’éviter les mauvaises surprises et la perte de temps précieux avant la trace.
  • Apprendre par cœur l’article sur le Naufragé de Madempoiselle Savonne 🙂

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